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Transcription du podcast 

LA FOLLE THÉORIE

 

Épisode 1

Connecter la physique

et les sciences humaines

0. Extrait de mise en bouche

Imaginez un peu combien de gens sont morts pour des idées, combien de gens ont tué au nom d'idéaux, au nom de religions ou au nom d'une certaine conception du monde ? Imaginez si on avait les moyens de se comprendre plus souvent, combien d'obstinations stériles, combien de conflits inutiles et combien de génocides seraient évités ? Ça donne le vertige !

Mais il semble que les humains ont beaucoup de mal à admettre la valeur des opinions différentes. Alors au nom de quoi tant d'humains tentent de soumettre les autres ? Au nom des croyances. On a souvent tendance à rationaliser nos actions en les justifiant au nom de nos croyances. Parfois on le fait par calcul, mais en général on le fait en toute bonne foi.

Donc c'est souvent à travers des idéaux et des concepts que les conflits humains se traduisent. Mais finalement, derrière ces idées il y a surtout des croyances qui sont alimentées par nos perceptions.

Comme l'a écrit Frank Herbert, dans “Dune” :

 

“Ce sont les perceptions

qui régissent l'univers.”

 

1. Démêler le chaos des idées

Allo tout le monde ! Je suis Alexandra Folie et vous écoutez le premier épisode de La Folle Théorie. La Folle Théorie ça parle des perceptions, et c'est petit un peu pour ça que ça s'appelle la folle théorie parce que les perceptions des uns et des autres, c'est un chaos perpétuel et on a bien souvent du mal à s'entendre.

 

C'est d’ailleurs un peu l'histoire de l'humanité pour ne pas dire l'essence même de l'humanité rendu là hein… Quand on n'arrive pas à se mettre d'accord ou qu'on n'arrive pas à se comprendre, ça mène souvent à beaucoup beaucoup de souffrance personnelle ou de souffrance collective et ça c'est quand on a déjà la chance de s'entendre avec soi-même. Donc c'est normal de se demander, est-ce qu’on peut s’en sortir ? Et si oui, comment faire ?

 

Après des milliers d'années d'incompréhension mutuelle, vous serez sûrement d’accord avec moi que ça peut sembler très improbable, mais la bonne nouvelle, c'est qu'aujourd'hui, il y a peut-être enfin un moyen d'y voir un peu plus clair mais c’est toute une folle théorie ! C'est de cette théorie dont je vais vous parler ! Et justement, le but de ce podcast, à travers cette théorie, c'est de démêler un peu ce chaos des idées qui vont dans tous les sens et qui ne veulent jamais s'accorder. Et en plus de mettre un tout petit peu d'ordre dans tout ça, ça pourrait bien développer notre ouverture d'esprit, notre tolérance et notre empathie pour les perceptions différentes des nôtres... 

 

On sait que plein de gens ont essayé auparavant. Alors c'est bien légitime de se demander comment cette Folle Théorie pourrait bien faire une différence ? 

 

Et bien disons que jusqu'ici, la plupart des changements dans les consciences sont beaucoup venus d'une focalisation sur le monde extérieur. Il y a bien des sages qui nous ont dit de regarder ce qui se passe à l'intérieur de nous, au sein même de nos consciences, mais on ne peut pas dire que ça ait eu un gros impact sur la plupart des gens.

 

Au fond on pourrait se demander qu'est ce qui se passe à l'intérieur de nous-même ? Eh bien, il y a une sorte de (je ne veux pas utiliser trop ce mot là qui peut faire peur mais je n'ai pas trouvé un meilleur mot pour dire ma phrase) Il y a une sorte de “programme”, une façon de penser qui interprète les choses toujours selon une certaine logique et ça nous donne l'impression d'avoir raison, parce que comme notre logique elle est logique, elle donne logiquement des interprétations cohérentes les unes avec les autres, alors, on a l'impression qu'on dispose de LA logique, celle qui produit le bon sens. 

 

Donc, le défi pour la majorité d'entre nous, et je dirais surtout à notre époque, c'est de s'ouvrir à l'idée qu'il n'y a pas juste une logique valable, qui semble être la nôtre, mais plusieurs. Et si on parvient à faire ça, alors on sort de notre petit moi très étroit et le monde devient beaucoup beaucoup plus vaste et intéressant. Parce qu'on voit enfin hors de soi-même. 

 

L'idée c'est d'être un peu plus ouvert à la logique des autres, et je ne suis pas là pour changer votre façon de penser. D'ailleurs ça ne sert absolument à rien de dire aux gens de changer leur façon de penser.

 

Sur ce je cite l'architecte Buckminster Fuller qui a très bien exprimé ça. Il a dit : 

"Si vous voulez amener le monde vers une nouvelle façon de penser, ne perdez pas votre temps à leur enseigner. Il vaut mieux leur donner un outil dont l'usage conduira à penser autrement."

 

Par exemple, essayez de mesurer un tout petit peu l'impact qu'ont internet et les smartphones sur nos consciences. Ça a changé le monde, ça a bouleversé nos comportements, et ça change aussi nos façons de penser. C'est pour ça qu'il y a des gens qui pensent qu'on ne peut pas changer les mentalités sans changer d'abord le système social économique et politique dans lequel on vit. Mais c'est déjà arrivé que des idées nouvelles inspirent des changements de système et de comportement. C'est souvent au nom d'idées nouvelles que les mouvements populaires se forment et que le monde sort dans la rue pour manifester. Une idée aussi c'est un outil, et une fois qu'elle germe dans le cerveau, elle modifie l'usage de notre pensée. 

 

Par exemple, la révolution russe elle a été inspirée par les idées de Marx, et aujourd'hui le concept de l'intersectionnalité modifie le comportement de millions de gens. 

 

Mais si on changeait de système, ce serait parce qu'il y aurait des gens qui auraient changé leur façon de penser, alors que le système, lui, n'a pas changé. En fait, finalement c'est l'histoire de la poule et de l'œuf.

Alors nous notre outil, c'est pas un objet physique comme un téléphone, c'est une théorie. C’est un outil cognitif et c’est du code comme le sont les langues, l’écriture et les théorèmes, pour donner des exemples. Et une fois qu’on connaît ce code sémantique là et les logiques des différentes intelligences de discernement, alors on peut l’utiliser pour mieux comprendre nos perceptions, pour éclairer nos choix et orienter nos créations. C’est un peu comme des repères sur une carte finalement.

Et c’est là où c'est fou, parce que pour la première fois avec La Folle Théorie, on va connecter les sciences physiques du monde extérieur matériel avec les sciences humaines du monde intérieur immatériel. Qu’est-ce que ça veut bien dire ça, et bien ça veut dire qu'on va enfin pouvoir regarder nos subjectivités avec une bonne dose d'objectivité. La physique étant une science fondamentale, beaucoup de connaissances en physique sont validées et fiables donc on va s'appuyer dessus pour analyser nos perceptions. 

Dans ce premier épisode, je vais me présenter un petit peu en vous racontant brièvement mon histoire de dingue, celle qui m'a menée à développer La Folle Théorie. Je vais vous parler aussi un peu de l'histoire des conflits, histoire de voir que la marche du monde dépend des perceptions. Je vais discuter après ça un peu de ma démarche, de comment La Folle Théorie a été élaborée et finalement je vais vous présenter une réflexion sur la perception et on va se poser la question de c’est quoi "LA" Réalité, qu’est-ce qu’on appelle le réel et je répondrai à cette question du point de vue perceptif.

 

2. Identité, ancrage et repli

À notre époque, on vit des choses assez surprenantes ! Il y a 20 ans on pensait qu’Internet allait tous nous rapprocher et favoriser un sentiment de fraternité mondiale. On appelait ça d’ailleurs le village global, mais ce n'est pas vraiment ce qui s'est passé !

 

Dans ce monde désormais constamment interconnecté, il y a un changement des consciences lié à Internet, ça touche énormément de gens et de cultures très différentes, beaucoup de communautés ont peur de voir leur culture et leur identités dissoutes dans un mode de vie uniformisé. 

 

C’est comme ça que chacun affiche sa personnalité et c'est devenu une grande cacophonie, tout ça parce que l'identité et bien c’est une affaire de différences plus que de ressemblances. L’identité, c’est quelque chose qui se forme par alternance d'adhésion et de différenciation. On a besoin de pouvoir dire "eux" pour pouvoir dire "nous" ou de dire "toi" pour pouvoir dire "moi". 

 

Certaines personnes pensent même que cette distinction là mène aux conflits, aux guerres et à la violence, et qu'il faudrait en finir avec cette logique du "moi moi moi !" ou du « nous nous nous !" 

Ça a l'air de faire sens comme ça, mais d’un autre côté sans identité, sans enracinement, on ne peut pas se sentir exister parce qu'on a besoin de repères et quand on prive les gens de ce sentiment d'être soi face aux autres, et bien à l'intérieur c'est ressenti comme de la violence. Donc, taire la personnalité, ce n'est pas une solution, hein, quand on est en perte d'identité, ça peut nous mener à vouloir nous cacher davantage plutôt qu'à s'assumer, ça peut nous pousser à la peur même d’exister, à la peur d’être soi finalement, ou même juste d’avoir le droit d’être une personne sur cette planète, et ce, qu’on soit un homme, une femme ou autres. Donc altérer l’identité engendrerait un sentiment plus proche de l'humiliation finalement que de l'humilité ; et en fonction de la confiance, de l’estime de soi et de l’ego de la personne, ça peut être toxique.

 

Réduire la différenciation qui produit le sentiment d'identité ça peut amplifier les problèmes mais à l'opposé, être comme par exemple très attaché à une identité c’est aussi problématique parce que dans ce cas là, toute possibilité de changement engendre une peur de perte de repères qui peut être disproportionnée et devenir finalement toute aussi toxique. 

 

Le problème en fait c’est pas tant d'avoir une identité. C'est plutôt quand l'identité mène au rejet de la différence et quand elle empêche toute évolution de la personne et ça, ça se situe dans une combinaison de l'attachement à l'identité et des critères selon lesquels on se différencie. 

 

Alors c'est quoi finalement un sentiment sain d'identité ? Et bien ça pourrait être quelque chose qui nous ouvre aux autres autant que ça nous définit. Quelque chose qui pourrait être en mouvement, qui pourrait évoluer sans sentiment de menace. Quelque chose où il y aurait toujours des repères, où il n'y aurait pas la peur de la perte face à la contradiction et au changement.

C'est le sentiment de perte de repères qui fait qu'aujourd'hui il y a ce qu'on appelle le repli identitaire, et qu'on s'accroche à ce qui renforce notre sentiment d'exister face aux autres. J'ajouterais à ça aussi les algorithmes des réseaux sociaux qui nous confortent dans nos habitudes. Vous savez probablement déjà comment ça marche hein… Les algorithmes réduisent progressivement le contenu qu'ils nous montrent à ce qui nous intéresse le plus, et ça nous renforce dans nos perceptions et nos croyances. Ça nous mène vers une vision de plus en plus subjective et de moins en moins représentative finalement de la réalité globale, parce que la réalité globale, ça inclut les perceptions des autres. Et en plus de ça, il y a eu aussi le confinement pendant la pandémie qui nous a encore plus coupé du contact humain… 

 

Eh bien tout ça, ça contribue à réduire notre curiosité et notre tolérance pour les pensées différentes des nôtres. On passe un temps fou à consommer de l'information et de la culture, mais uniquement ce qui correspond à nos goûts, c’est comme ça que les esprits se polarisent, on campe sur nos positions et on s'indigne facilement face à la contradiction. Il y a moins de tolérance et d'écoute mutuelle.

 

3. Connais toi toi-même

Ça fait aujourd'hui un peu plus de 20 ans que je travaille sur ces questions, et voici enfin La Folle Théorie : elle va mettre un peu d'ordre dans tout ça. Elle va nous donner aussi des clés pour avoir chacun une identité personnelle forte, mais évolutive, ouverte aux autres et aux changements. C'est donc une manière nouvelle de mieux se connaître et de s'apprécier, de mieux NOUS connaître et de mieux NOUS aimer et finalement, de nous différencier sans se rejeter soi-même et sans rejeter les autres.

 

C'est une approche inédite des perceptions qui connecte les sciences physiques et les sciences humaines et il était temps de voir cette théorie arriver, parce que ça fait plus de deux siècles qu'on vit avec cette séparation là, en mettant d'un coté le monde  matériel physique externe et de l'autre coté le monde immatériel interne des humains et de l'esprit. 

 

Ça donne l'impression que ce sont des univers différents et imperméables et ce n'est pas le cas. Heureusement, en se basant sur la réalité physique, la Folle Théorie parvient à entrer dans la pensée des systèmes pour nous permettre de prendre du recul sur nos systèmes de pensées. 

 

Je sais que c’est dur à croire ce que je vais vous dire là mais oui, on va enfin pouvoir se comprendre davantage, et vous ne savez pas encore à quel point j’ai hâte de partager tout ça avec vous !

 

En écoutant ce podcast, vous allez apprendre des choses surprenantes, des connaissances qui vont vous faire un effet fou ! Pour ceux qui vont parvenir à traverser la vingtaine d’épisodes à venir, vous serez laissé de plus en plus bouche-bée. Vous ne verrez plus le monde de la même façon, que ce soit tant aux niveaux fondamental, personnel que collectif et surtout, ça va changer votre rapport au monde et aux autres.

 

 

"Connais toi toi-même

et tu connaitras l'univers

et les dieux".

 

 

Vous avez probablement déjà entendu cette phrase là, qui était gravée à l'entrée du temple de Delphes, en Grèce antique. Ça signifie qu’avant de comprendre l'univers, il faut comprendre l’intérieur de soi-même et se confronter à des vérités pas toujours agréables sur les limites de nos propres discernements. Ça signifie aussi qu’il faut s’ouvrir suffisamment pour accepter de reconsidérer ce que l’on croyait savoir. Ça me fait d'ailleurs penser à une citation merveilleuse de Stephen Hawking qui dit :

 

“Le premier ennemi

de la connaissance

n’est pas l'ignorance,

c'est l'illusion de

la connaissance.”

 

 

Autant dire aussi, comme le dit le poète Dante Alighieri, que

 

“la voie du paradis

commence en enfer.”

Eh bien ce que vous allez entendre va vous bousculer, mais si vous traversez avec moi jusqu’au bout la théorie, vous allez certainement avoir quelque chose de complètement nouveau pour repartir à neuf et vous aurez de nouvelles flèches à votre arc, des perspectives plus larges, un esprit stimulé et plus ouvert.  

 

Alors êtes vous prêt pour ce voyage ? C'est un défi pour votre esprit, mais au bout du voyage il y a davantage de force intérieure et de paix avec les autres et soi-même, alors soyez curieux, soyez tenaces !

 

4. Aux sources de la théorie

Venons-en d'abord aux sources de la théorie…

 

Je m'appelle Alexandra Folie-Boivin. En 2019 on m'a diagnostiquée d'un trouble du spectre autistique de niveau 1. Si ça ne vous dit rien, on appelle ça couramment le syndrome d'Asperger et j’ai appris tardivement comme ça que mon esprit est "neuroatypique", ça veut dire ça qu'il ne fonctionne généralement pas comme celui de la plupart des gens qui sont dits "neurotypiques". Pour donner des exemples, et bien j’ai beaucoup de difficulté à identifier les états mentaux des autres personnes comme leurs pensées, leurs émotions, leurs désirs et aussi leurs intentions et donc j'ai besoin que ces choses là soient idéalement formulées le plus explicitement que possible et le plus souvent que possible.

 

Je vous dirais là que juste avec ça, c’est tellement difficile là…! Moi je dirais là je me considère comme étant aveugle et si les gens ne me disent pas littéralement les choses, clairement, explicitement, je risque d’en passer plusieurs… Puis ça devient extrêmement difficile après pour moi de savoir c'est quoi les vraies choses, qu'est ce qui se passe et tout ça. Donc c’est aussi pour ça que ça m’a poussée à développer des outils pour pouvoir être le plus autonome possible, pour me permettre de déchiffrer, d’avoir des outils pour pouvoir déchiffrer ce que je ne suis pas capable de déchiffrer d’une manière instinctive.

 

Donc en ayant des lacunes dans ce qu’on appelle La Théorie de L’Esprit (la théorie de l’esprit c’est la compréhension des états mentaux, vous pouvez trouver davantage d'information là dessus en le googlant) c’est comme ça que sans m’en rendre compte en fait au début de mon adolescence, c'est comme ça que j’allais développer avec La Folle Théorie, un outil ayant la possibilité de me donner une paire de lunettes qui me permettrait de mieux voir et comprendre ce que je ne pouvais pas voir ni comprendre. Je vous dirais que quand on a des lacunes à ce niveau là comme plusieurs autistes d’ailleurs en souffrent, et bien c’est un peu comme un trouble particulièrement sévère de la myopie. On est dans ce monde là plusieurs à être myopes d'ailleurs, à différents degrés, me concernant ça frôle la cécité et dans ce cas là, c’est cette cécité là qui m’a aidée à développer un outil pour les gens qui sont comme moi, mais aussi pour les autres qui peuvent avoir besoin d’une paire de lunettes pour mieux voir. Et c’est pour ça que j’inclus tout le monde parce que je considère qu'on souffre tous d’une myopie plus ou moins sévère sur la compréhension de nos états mentaux individuels et collectifs ! Donc si je peux être la première à être une des pires, pour pouvoir développer ce genre d’outil et en faire profiter plusieurs autres, et bien voilà La Folle Théorie !

 

Ce qui est primordial ce n’est pas d’avoir la meilleure vision au monde. Ce qui est primordial c’est d’être capable de reconnaître que notre vue n’est pas parfaite et de faire les efforts pour mieux voir ce qui se passe et ça c’est donné à très peu de personnes sur Terre, d’être capable juste de faire ça… En tout cas, moi de mon côté, je préfèrerai toujours faire confiance à une gang (une bande) d’aveugles motivés à mieux voir même s’ils ne peuvent pas le faire bien avec leurs yeux, que faire confiance à une gang de clairvoyants avec qui rien n’est possible.

 

Avant ce diagnostic là, mon parcours avait été complexe et souvent douloureux parce que comme je comprends et que je m'exprime dans une logique particulière et bien dès mon plus jeune âge je ne me reconnaissais absolument pas dans ce monde dans lequel je vivais, ni dans les valeurs de notre société et le fonctionnement des choses autour de moi. J’étais stressée, perdue et très en colère. Il m’arrivait de réagir fortement à mon environnement et aux autres. Je ne comprenais pas non plus pourquoi le statut social et l'argent avaient tant d'importance dans ce monde là et je considérais déjà qu'on n'accorde pas assez d'importance aux relations entre les gens et avec le vivant. Et plus généralement pas assez d'importance à la simple valeur d'être. 

 

En grandissant je ressentais des contraintes sociales de plus en plus pressantes sur moi, tellement que je ne pouvais jamais trouver ma place sans exploser, parce que je refusais de participer à cette société là, qui était focalisée sur des valeurs ineptes à mes yeux. Et d'ailleurs je suis encore allergique à ce système là aujourd’hui même si je le comprends mieux. Mais à l'époque, je faisais face à un chaos extérieur que je ne comprenais pas et c’est pour ça qu’il m’a fallu trouver des outils pour le traduire et pour le comprendre ce monde là... J’avais besoin de comprendre les choses qui me causaient des problèmes dans mon environnement et qui en causaient aussi chez d’autres. Alors c’est comme ça que j’ai entrepris de découvrir pourquoi je n'avais pas les mêmes compréhensions du monde et les mêmes valeurs que les autres. Et je voulais aussi trouver des solutions à toute cette souffrance là et ces conflits que je vivais et que je percevais autour de moi.

 

C’est comme ça que très jeune, j’ai commencé à faire de grandes explorations dans différentes voies pour trouver des points d'ancrage que finalement je n’arrivais pas à trouver dans ma vie quotidienne. Au début j'allais plus dans des voies spirituelles et psychologiques. Je pense parce que dans tout ce qui m'entourait c'est probablement ce qui me manquait. Donc j'allais chercher dans ces domaines là et puis finalement ça ne me satisfaisait pas du tout (mon Dieu !). Je me suis rendue compte que ce n’étaient pas les bons domaines pour moi, parce que malgré le temps que j'y passais, je n’arrivais pas à trouver une base structurelle vraiment cohérente sur laquelle je pouvais m’appuyer sans être déçue et sans avoir le sentiment d'avoir perdu mon temps.

 

Alors j'en suis venue comme ça à m'intéresser à notre façon de percevoir, en considérant que c'est ça qui doit être la source du grand foutoir humain. Et c'est devenu en quelque sorte ma passion par défaut, parce que plus je m’avançais dans cette étude là, plus je trouvais du sens et des explications à cette espèce de chaos extérieur mais aussi à mon chaos intérieur. Et alors j'ai commencé à trouver plus de calme, plus de paix en moi-même, et je dépassais en fait les raisons que j’avais eues de stresser.

 

J'ai exploré les sciences humaines, les neurosciences et la physique. Particulièrement beaucoup plus la physique, parce que je pouvais y croire sans justement reproduire ce sentiment là d’être déçue et de perdre les précieuses heures de mon temps et de mon attention. J'ai rencontré aussi toutes sortes de personnes qui m'apportaient parfois des réponses et souvent d'autres questions. J'ai rassemblé des connaissances et j'ai formulé des hypothèses pour les articuler, mais je n'aurais pas pu imaginer ni formaliser cette théorie seule. Je suis l'initiatrice de la Folle Théorie, mais c'est un travail que je considère énormément collectif.

 

La science moderne encore aujourd'hui elle est toujours confrontée au mystère de la conscience et dans l'approche physique, la science et la conscience sont cloisonnées et elles semblent être hermétiques. Et bien justement, face à ce mystère là, l'intuition qui est à la source de la Folle Théorie, c'est que la réalité physique et l'expérience perceptive psychique se structurent conjointement.

 

 

Sans ma personnalité en décalage et ma logique neuroatypiques, je n’aurais sans doute pas vécu toutes ces incompréhensions là,  les frustrations ni même les douleurs physiques, émotionnelles et mentales intenses que j'ai connues, et je ne me serais pas lancée dans les aventures et les explorations qui m'ont menée finalement à développer cette folle théorie des perceptions. 

 

Dans ma quête de compréhension, de solutions et de justice, il a fallu que je prenne moi-même l'initiative de cette recherche là pour pouvoir en bénéficier. Et ça c'est parce que je n'ai pas eu connaissance d'autres travaux vraiment comparables. J’espère vraiment très fort que ces hypothèses là finissent par être évaluées et validées par la communauté scientifique, mais sinon pour aujourd’hui bien c'est un outil qui est à la fois puissant et déjà accessible à tous.

 

C'est en écoutant ce podcast, que vous vous rendrez compte par vous-même pourquoi la portée de la Folle Théorie me dépasse largement.

 

Finalement avec La Folle Théorie je viens transmettre moi-même ce que j'aurais eu besoin qu'on m'apprenne. Parce que c’est en faisant cette étude là que j'ai appris à reconnaître les perceptions, les valeurs et les croyances des autres et j'ai pu prendre du recul sur les miennes. Pour moi ça a été une révolution intérieure, j’ai pu mettre fin au sentiment très souffrant d'être trop ceci ou pas assez cela. En développant La Folle Théorie, j’ai compris comment et pourquoi j'avais déjà ce dont j'avais besoin et j'ai arrêté de courir dans tous les sens pour combler des manques illusoires dans ce que je suis. Grâce à ça, j’ai pu développer une grande force, plus d'ouverture d'esprit, de compréhension, de tolérance aussi, de sérénité et de bienveillance. Et c’est ça que je souhaite offrir à tout le monde en partageant ce travail là. Parce que j'espère aider ceux qui comme moi ont envie de mieux se comprendre eux-même et de mieux comprendre leur environnement, pas seulement ceux qui pensent comme soi, mais de comprendre aussi ceux qui pensent différemment et avec qui il y a des conflits. 

 

Juste en passant, je viens de terminer un livre sur le sujet que je vais mettre en ligne gratuitement, c’est pour vous permettre de compléter les connaissances du podcast : langage-espace-temps.com. Parfois les visuels vont être vraiment aidants. Je vous conseille fortement de faire un tour sur le site web de la Folle théorie (ici-même). Il va y avoir des diagrammes et des illustrations pour faciliter votre compréhension si vous le désirez. Le contenu va être mis en ligne progressivement au fur et à mesure qu’on avance dans la matière de la théorie, donc je vous invite à visiter le site du podcast régulièrement.

 

5. Une histoire de croyances

Et maintenant si on regardait un peu dans le passé, histoire de voir comment les perceptions influencent le cours des choses… ! 

 

Voici un extrait du best-seller "Sapiens", écrit par l’historien Yuval Noah Harari, il dit:

 

“Depuis la révolution cognitive, les humains ont vécu

dans une double-réalité :

d'un coté la réalité physique des rivières, des arbres et des lions ;

et de l'autre côté,

la réalité imaginaire des dieux,

des nations, de l'argent et des corporations.”

 

On vit dans une double-réalité : Il y a la réalité physique, qui est constituée de matière et d'êtres incarnés ; et il y a en même temps la réalité imaginaire, qui est constituée de fictions et de croyances. 

Et bien, ces deux réalités là s'influencent mutuellement dans nos pratiques. Par exemple la monnaie c'est une fiction commune, qui a une influence mutuelle avec les choses qu'on échange dans la réalité physique.

 

Ce que nous apprend Harari, et qui est de la plus haute importance, c'est que depuis la préhistoire jusqu’à la civilisation moderne, toutes nos sociétés se sont construites autour de nos croyances, qu’elles soient religieuses ou idéologiques. C’est en adhérant à des mythes, à des idéaux et des concepts communs qu’on a pu structurer le tissu social nécessaire à la cohabitation de milliers, de millions, puis de milliards d’individus. 

 

Imaginez un peu combien de gens sont morts pour des idées, combien de gens ont tué au nom d'idéaux, au nom de religions ou au nom d'une certaine conception du monde ? Imaginez si on avait les moyens de se comprendre plus souvent, combien d'obstinations stériles, combien de conflits inutiles, combien de génocides seraient évités ? Ça donne le vertige !

 

Mais il semble que les humains ont beaucoup beaucoup de mal à admettre la valeur des opinions différentes.  Alors au nom de quoi tant d'humains tentent de soumettre les autres ? Au nom des croyances. On a souvent tendance à rationaliser nos actions en les justifiant au nom de nos croyances. Parfois on le fait par calcul, mais en général on le fait en toute bonne foi.

 

Donc c'est souvent à travers des idéaux et des concepts que les conflits humains se traduisent. Mais finalement, derrière ces idées il y a surtout des croyances qui sont alimentées par nos perceptions. Comme l'a écrit Frank Herbert, dans “Dune :

 

“Ce sont les perceptions

qui régissent l'univers.”

 

 

Tout au long de l'essor industriel des deux siècles derniers, les sociétés humaines dominantes ont placé l'individualisme humain comme valeur sacrée. Elles ont développé leur science et leur technique avec l'intention d'exploiter le monde physique dans un but productiviste. Ça globalement, ça reflète bien l'état extérieur actuel de notre monde.

 

Aujourd'hui la technologie, l'exploitation de l'environnement et l'exploitation de l'humain par l'humain ont atteint des niveaux critiques et puis avec le réchauffement climatique et l'extinction massive du vivant, on voit bien que notre modèle centré uniquement sur l'intérêt de certains groupes sociaux, ça met en péril l'écosystème. 

 

Ça fait plus de 40 ans que les scientifiques alertent régulièrement nos sociétés mais les réactions collectives sont très loin d'être à la hauteur des enjeux ; Au contraire, nos sociétés sont emportées dans leur élan de production, elles consomment de plus en plus de ressources, c'est comme si finalement on était collectivement ahuris parce qu'on s'en va tout droit et en plus on accélère même vers l'impasse qui nous est pourtant annoncée.

 

En général on parvient assez bien à voir sur quoi il y a des divergences, parce que c’est quand même plutôt facile de reconnaître nos désaccords ; mais, bizarrement, il y a très peu de monde qui semble questionner les logiques et le sens derrière les différentes mentalités et les croyances qui causent ces problèmes là !

 

Encore aujourd’hui, il y a beaucoup de gens qui pensent tout simplement que ceux qui ont un avis différent du leur ils doivent être abrutis, ou insensibles ou voire sans morale. C'est quand même dramatique là, parce que celui qui perçoit différemment il est considéré comme un danger dont il vaudrait mieux se préserver, ou bien un malade à guérir, ou un ignare qu'il faudrait éduquer mieux hein, ou même encore pire, un hérétique qu'il faut tout simplement éliminer.

 

6. La réalité de l'intérieur 

Être en quête de vérité, ce n'est pas seulement chercher à comprendre comment le monde extérieur est fait. C’est tout aussi impératif de s’intéresser à la façon dont on le comprend ce monde là, et dont on se le figure, c’est-à dire d’analyser à l'interne la perception qu’on en fait. Et donc c'est crucial de s'intéresser à l’origine des différences d’interprétations et de croyances, parce que c'est à la fois une source de beaucoup de richesses et de diversité culturelles, mais aussi de beaucoup d'incompréhensions et de problèmes…

 

Pour comprendre le monde qu’on a façonné, pour choisir de façon éclairée dans quelle société on veut vivre demain et pour être capable d'accorder nos actions, il est essentiel de comprendre les structures internes de nos représentations du monde qui sont indissociables de nos motivations individuelles. Autrement dit, l'humain doit mieux comprendre ses perceptions, pour se connaître lui-même, de l'intérieur. 

 

En développant les sciences de la perception, c’est comme ça qu’on est parvenu avec La Folle Théorie, à pouvoir mieux évaluer et équilibrer nos compréhensions parce que ça nous permet enfin d’harmoniser l'univers externe de la réalité physique matérielle avec l'univers interne de la réalité psychique immatérielle. 

 

Face aux défis auxquels l'humanité s'est contrainte, la seule connaissance du monde physique extérieur ne suffit pas. Les sociétés sont faites d'individus, les enjeux collectifs sont liés aux enjeux individuels. 

 

Nos perceptions subjectives du monde sont autant d'interprétations valables et même si elles sont divergentes, elles constituent différentes facettes de la réalité. Quand on va réaliser ça, alors là on va pouvoir les considérer beaucoup plus objectivement. Ça va devenir des complémentarités potentielles et on va pouvoir arrêter de se condamner mutuellement en voyant toujours des convictions inconciliables ou des prétextes à des conflits sans fin.

Maintenant qu’est-ce que c’est que la perception ? Connaissez vous quelque chose hors de la perception ? 

 

Connaissez vous quelque chose hors de la perception ? Ça serait difficile hein de connaître quelque chose en dehors de ça, parce que tout passe par la perception. Donc faire l'expérience perceptive des sensations, des émotions et du sens des choses, c'est ce qui nous permet d'apprécier toute forme de réalité et donc de vivre l’expérience d’exister. 

 

C'est pour ça qu'en tant que sujets percevants et sensibles, nos perceptions et nos expériences intérieures subjectives nous définissent beaucoup plus que notre corps physique. Parce qu'en fait même notre corps physique se trouve "de l'autre coté" de l'esprit, c’est-à-dire dans le monde matériel extérieur à nos pensées.

L'aboutissement du processus de perception ça consiste à discerner des phénomènes, c'est-à-dire à associer du sens à des ensembles d'informations. C’est quand même une base de considérer ça, c'est essentiel, et pourtant on en sait encore très peu sur les structures de compréhension par lesquelles on se figure le monde à l’interne.

 

Et ça c'est parce que les études scientifiques se basent généralement sur une observation physique de l'activité neurologique pour étudier la perception, autrement dit, depuis l'extérieur de la perception. Mais c'est au sein de la perception même, depuis l'intérieur de l'esprit que se produit le sens de tout phénomène. 

 

Voici une citation du cybernéticien Klaus Krippendorff. Il disait:

“Toute chose située hors du système nerveux n'est accessible qu'à travers ce système nerveux, et ne peut être observée directement hors de la façon dont le système nerveux opère.” 

Voilà la raison pour laquelle une approche sémantique qui étudie le sens de la perception permet de complémenter l’approche physique externe. 

 

La Folle Théorie elle est un peu folle, parce qu'au lieu d'étudier la perception en la considérant de l'extérieur comme on a l’habitude de le faire, on étudie la perception depuis la perception, dans le monde intérieur, au sein même du système nerveux comme Klaus Krippendorff l'entend. Et curieusement et bien… c’est pas si fou que ça… !

 

En fait quand on se place à l'intérieur de l'esprit, ce qu'on considère, c’est les aspects sémantiques de la perception, c'est l'étude du sens qui est perçu. On adopte donc une position métaphysique, c'est-à-dire que depuis nos perceptions, ça englobe la physique. Dans nos perceptions, il y a le domaine physique, mais pas uniquement.

 

La Folle Théorie, ce n'est pas une approche matérielle qui décrirait  "comment" les processus neurologiques génèrent la perception dans le cerveau. Ce n'est pas non plus une étude du "pourquoi", comme les causes culturelles et éducatives qui mènent à des différences d'interprétation. Nous ce qu'on va étudier ici c'est plutôt les structures logiques par lesquelles les interprétations diffèrent, et pour ça on va se baser sur le "quoi" : c’est-à-dire sur le discernement de phénomènes qui sont en quelque sorte les produits de la perception. 

 

Voici une citation d'Einstein qui va vous éclairer un peu sur le problème auquel on va s'attaquer maintenant. Il disait :

 

“L'éternellement incompréhensible

à propos du monde,

c’est sa compréhensibilité.”

 

 

Cette citation là elle illustre bien les limites d'une approche physique des perceptions qui se heurte toujours au mur de la conscience. C’est pour ça que pour comprendre, il est nécessaire de passer "de l'autre coté", c'est-à-dire de se placer aussi à l'intérieur de l'esprit qui perçoit et pas seulement en considérant le percevant depuis le monde matériel extérieur.

 

Comme je l'ai dit un peu plus tôt, La Folle Théorie commence avec l’hypothèse que la perception psychique et l'univers physique se façonnent conjointement. Ça n'a d’ailleurs absolument aucun sens de les séparer, comme on le fait en Occident depuis deux siècles et La Folle Théorie va mettre en évidence des corrélations entre les deux. 

 

Une fois qu'on a posé cette hypothèse là, la suite logique c'est d'identifier des structures communes au monde physique et à l'expérience psychique perceptive…

 

7. Langage et espace-temps 

Alors quelles sont ces structures communes là ? Et bien la réponse à ça c'est que la réalité physique et la perception psychique sont toutes les deux structurées dans l'espace-temps. Dit autrement, l'espace-temps c'est à la fois la structure de la réalité physique et de la représentation perceptive et ces deux réalités là suivent les mêmes logiques opératoires. 

Quand l'esprit interprète l'information qui provient du monde physique et qu'il discerne des phénomènes, le psychisme lui produit une représentation du monde physique. En produisant une représentation, l'esprit se déploie dans l'espace-temps selon les mêmes logiques opératoires par lesquelles le monde physique se structure et se manifeste. Et bien croyez le ou non, mais c’est de là que vient la compréhensibilité du monde dont Einstein s'étonnait ! L’Astrophysicien Carl Sagan exprimait justement cette intuition là lorsqu'il disait :

 

“Nous sommes une voie

pour l’univers de se connaitre

lui-même.’’

 

Et bien c’est exactement ça, parce qu’à travers la représentation perceptive de l'espace et du temps, on reproduit la structure même de l'univers.

 

Quand on considère les choses en terme d'espace et de temps, les structures qui sont communes aux domaines physiques et psychique sont multiples. D’ailleurs, on va voir dans les prochains épisodes qu'on peut distinguer différents ordres de structures, qui correspondent à différentes logiques opératoires. En passant, quand je parle de logiques opératoires, et bien dans le monde physique je parle de la façon dont la matière se déploie et dans le monde psychique, je parle de formes d'intelligence, des formes d'intelligence par lesquelles nous discernons des phénomènes. Autrement dit, les structures de l'espace-temps forment des logiques opératoires, des types d'intelligence, et ces intelligences là fonctionnent comme des sortes de filtres sémantiques sur lesquels sont fondées toutes nos approches du monde en fait, incluant nos mentalités et même nos opinions. 

 

L'ensemble de ces logiques opératoires là s'apparente d’ailleurs à un langage de la pensée. C'est le philosophe Jerry Fodor qui a émis l'hypothèse d'un

 

“langage de la pensée’’

 

qu'il a appelé le "mentalais". Quand on parle de "langage de la pensée", on veut dire en fait que dans le fonctionnement de la pensée il y aurait des fondements communs avec le langage parlé. Ces fondements communs là ce sont des éléments sémantiques pour identifier les "choses" et il y a aussi une grammaire, qui permet de combiner les choses pour décrire des opérations. Mais à la différence des langues parlées, ce ‘’langage de la pensée’’ qu'on appelle le ‘’mentalais’’ ne serait pas fait de mots. Il fonctionnerait plutôt sur la base de représentations, de symboles et d'images. 

 

Penser c’est pas quelque chose qui s'apprend, c'est une faculté innée. Le fait qu'on pense si naturellement proviendrait en fait d'une grammaire universelle qui réside déjà dans les structures mêmes de l'espace-temps. Et si l’univers physique et la perception psychique sont les deux manifestations d'une même réalité sous-jacente, alors cette réalité là qui produit à la fois le monde physique externe et la perception interne. Et bien on pourrait l'appeler :

le langage de l'espace-temps. 

C'est le célèbre linguiste Noam Chomsky qui a émis l'hypothèse d'une

Grammaire universelle 

qui englobe celles

de tous les langages.

 

 

Cette méta-grammaire là elle préexisterait en fait à l'apprentissage d'une langue spécifique. Selon Chomsky, ce serait une capacité biologique de l'espèce humaine. Autrement dit, si les enfants apprennent à parler si jeunes, ça ne serait pas uniquement par imitation et par renforcement cognitif, mais aussi et surtout parce que les structures universelles du langage seraient déjà présentes au sein même du génome humain… 

 

D'autres théoriciens cependant pensent que les structures universelles du langage sont autonomes, c'est-à-dire qu'elles constitueraient des logiques qui existent hors de l'espèce humaine. C'est plutôt ça d’ailleurs, l’hypothèse de La Folle Théorie. C'est-à-dire que même si à priori les espèces non-humaines ne disposent pas de langage avec une grammaire sophistiquée, il est évident que la plupart des animaux ont quand même des facultés sémantiques. Ils peuvent attribuer du sens à des ensembles d'informations, classer les phénomènes selon différentes catégories, et certains peuvent ordonner des opérations complexes de l'ordre de l'abstraction. 

 

Alors les animaux aussi sont capables de représentations. Selon La Folle Théorie, les représentations produites par les animaux non-humains sont structurées selon les logiques de l'espace-temps tout comme celles des humains. Les animaux disposent probablement du même "mentalais", le même langage de l'esprit que les humains, avec un vocabulaire perceptif propre à chaque espèce, c’est-à-dire que chaque espèce vit des expériences sensorielles spécifiques et identifie des phénomènes que d'autres ne connaîtront probablement jamais. 

 

Par exemple, nous les humains on ne voit pas dans l'ultra-violet comme les abeilles, on ne peut pas se représenter l'expérience de percevoir une couleur dans le spectre de l'ultra-violet, alors que cette expérience là contribue au vocabulaire perceptif d'autres animaux. Sur Internet vous trouverez facilement des images qui illustrent à quel point les humains et les abeilles voient le monde différemment. Donc si vous êtes curieux… Allez-y !

 

La faculté d'abstraction qui semble être une spécificité des humains, et bien c'est juste une exploration des logiques de l'espace-temps dans davantage de complexité. Mais fondamentalement, les autres espèces disposent des mêmes structures universelles dans leur représentations.

 

“Au commencement

était le verbe.’’

 

Vous connaissez sans doute cette phrase là qui est le prologue de la Bible, mais que ce soit bien clair on ne va pas s'appuyer sur la Bible dans notre étude, seulement cette phrase elle est intéressante, parce qu’elle nous dit que le monde commence avec le langage et il y a un fond de vérité là dedans. Le langage c'est la voie privilégiée par laquelle on partage nos perceptions, que ce soit les perceptions du monde physique concret ou nos perceptions abstraites et imaginaires. Toutes les langues humaines sont pourvues au moins de noms pour rendre compte des phénomènes spatiaux et de verbes pour rendre compte des phénomènes temporels du monde. Par exemple, les mots oiseau, arbre, bateau, Bob ou Gertrude, désignent des entités déployées dans l'espace et les mots marcher, boire, parler ou nager, désignent des événements déployés dans le temps. 

 

Donc, c’est pour cette raison là que l'étude des structures de sens de l'espace-temps (par l'intermédiaire du langage) met en évidence des connexions entre sciences physiques et humaines, et cette étude là ouvre de nouveaux horizons qui concernent de nombreux champs d'applications. 

 

Le langage est plein de mots dont le sens traverse de nombreux domaines de connaissances, un sens qui relie souvent l'univers matériel et l'abstraction, et cette transversalité du langage, ça fait que notre étude sémantique de l'espace-temps elle concerne et recoupe différentes sciences. 

 

La Folle Théorie permet de relier des éléments qui étaient perçus depuis longtemps pour ne pas dire depuis toujours, comme étant déconnectés les uns des autres. Et ça c’est énorme, car ça va nous permettre, entre autre, de reconsidérer chacun de ces champs et l'ensemble de ces champs.

 

À ma connaissance, cette approche là de la perception elle est inédite, elle couvre un champ de science très étendu et peut être considérée comme une discipline à part entière, alors on a dû se résoudre à lui donner un nom : 

 

C'est la Discernologie.

 

C'est la discipline dont l'objet est l’étude des intelligences de discernement. Il s'agit d'un champ de sciences cognitives qui étudie les structures logiques universelles qui permettent de percevoir, d’interpréter le monde et de lui donner du sens, c'est-à-dire de distinguer et d’identifier des phénomènes.

 

8. Science avec conscience ? 

Tout ça vous semble peut-être encore très abstrait pour le moment et vous vous demandez probablement à quoi ça va bien pouvoir servir. En fait, ça va mener d'abord à des changements internes importants dans nos façons de penser et c'est une prémisse nécessaire au changement extérieur. Pourquoi ? Et bien parce que la façon dont on a transformé le monde extérieur, c’est lié à notre rapport à la réalité. Et tant qu'on ne changera pas de paradigme intérieurement, on va continuer à interagir avec le monde selon la même logique. Cette logique là c'est celle où on pense toujours que le monde matériel externe, c'est la seule réalité valable pour analyser et comprendre le monde et ça c’est ce qui nous mène en fait à l'exploiter et à le détruire. 

 

Le paradigme dominant dans le monde aujourd'hui c'est le système de pensée occidental moderne qui est humaniste, libéral et individualiste, et c'est donc un système anthropocentré, c'est-à-dire que la seule valeur sacrée là dedans c'est l'humain. Dans ce système là de pensée, on sait que l'être humain est doté de conscience, parce que c'est une expérience que chacun vit intérieurement. Mais paradoxalement, comme on considère que la seule science vraiment fiable c'est l'étude du monde à travers la matière, alors la science moderne est bloquée à la frontière entre la matière et l'esprit. Et donc on ne sait pas trop c'est quoi la conscience finalement, parce que tout ce qui passe par la conscience c'est considéré comme non scientifique. Et c'est comme ça que l'homme moderne occidental se prive de reconnaître l'existence de la conscience hors de lui-même. Pour lui, d'un coté il y a l'humain et de l'autre il y a ce qu'on appelle la nature, comme si l'humain n'en faisait plus partie. 

 

Alors tout ce qui n'est pas humain est considéré par défaut comme de la matière sans conscience, que l'humain peut exploiter sans limite, et sa valeur dépend uniquement de ce que l'humain veut en faire. C'est la logique utilitariste qui va avec l'approche matérialiste de la science. Le seul sujet c'est l'humain, tout le reste est objet. Savez-vous que récemment encore, on ne reconnaissait même pas d'expérience sensible chez les autres animaux ? Alors qu'il suffit d'observer un tout petit peu nos animaux domestiques pour se rendre compte que c'est une évidence.  Et avec cette façon là de penser, le plus humain demeure toujours soi-même, alors il suffit de décider que certains humains sont moins humains que d'autres, en se basant sur tel ou tel critère et on se justifie le droit de les exploiter aussi. On exploite nos semblables, on exploite et on détruit l'écosystème dont on fait partie, et on s'aliène mutuellement. 

 

Donc vous voyez qu'en expliquant toujours la réalité à travers le prisme de la matière physique, on fait littéralement de la science sans conscience. Et comme disait François Rabelais :

 

“Science sans conscience

n'est que ruine de l'âme.”

Donc vous allez voir qu'avec la Folle Théorie on va reconnecter  la physique et la conscience, et que chaque domaine de connaissance va venir éclairer l'autre. 

 

Alors justement, pour comprendre comment on en est arrivés là, si on parlait maintenant de la réalité ? Si ce n'est pas juste de la matière, qu'est ce que c'est la réalité ? La réalité, (autrement dit ce qui est réel), c'est ce qui est reconnu comme une certitude.

“Je pense, donc je suis.”

Vous connaissez sûrement cette phrase célèbre là du philosophe René Descartes. Et bien, pour Descartes, il s'agit de l'unique certitude métaphysique. Ça, ça revient à dire que du point de vue de la perception, toute expérience perceptive est une réalité en soi. Donc, pour ça c’est clair. L’expérience perceptive dans le moment présent, constitue même la seule réalité objective. 

 

Et l'expérience perceptive qu’on fait du monde physique à travers la représentation, c'est une réalité perceptive parmi d'autres comme celles des émotions, des raisonnements, des idées, de l’imagination et des rêves pour donner des exemples. Pourtant, parmi nos différentes réalités perceptives, le monde physique est l'univers qu’on désigne habituellement comme "LA réalité" parce que c'est une réalité qui est partagée par tous. 

 

À notre époque, c'est à partir des sciences physiques qu’on a établi la cosmologie académique dans laquelle de nombreuses personnes croient. Il faut dire que les sciences physiques ont connu des avancées considérables. Elles ont ouvert la voie à des progrès techniques qui sont évidents et qui contribuent à légitimer la méthode scientifique et la raison. Sauf que dans la perspective d'étudier les perceptions, un problème majeur de la physique c’est qu'elle se heurte toujours au mystère de la conscience.

 

L'approche physique bute sur des questions du genre : Comment le sens se produit-il dans la perception ? Comment l'activité des neurones faite de stimuli physiques se traduit-elle en expérience psychique vécue ? Autrement dit, comment passe-t-on du domaine physique à celui de l'esprit ? Et finalement, comment l'esprit intègre-t-il qu'il existe en tant qu'entité percevante ? (Ici on parle de la conscience de soi). 

 

Dans une approche sémantique de la perception, le monde physique et la conscience ne sont pas imperméables parce qu’on considère les phénomènes depuis l'intérieur de l'esprit percevant.  On se situe donc au delà du mystère en partant du constat que la perception de sens est une réalité irréfutable, tout comme on peut le faire d’ailleurs dans la pratique de la philosophie ou des mathématiques.

 

Dans La Folle Théorie on va parler des sciences physiques parce que les phénomènes physiques font partie des choses perçues. C'est pour cette raison là que dans l'étude des perceptions, on doit considérer les propriétés des phénomènes physiques, parce qu’elles leur confèrent des significations spécifiques dans la perception et surtout, les sciences physiques nous éclairent sur les structures de l'espace-temps, dont on fait l'expérience dans la perception. C’est pour cette raison là qu'on va s'appuyer sur des notions simples de physique, et ça va nous servir de base pour commencer l'étude des structures sémantiques et des phénomènes.

 

En produisant simplement une représentation du monde physique, notre esprit en fait  "comprend" les structures de l'espace-temps. Il les "comprend" même au sens étymologique parce que le mot "comprendre" vient du latin "cum" qui signifie "avec", et de "prehendere" qui signifie "prendre, saisir" notre esprit a donc "saisi" les structures de l'espace-temps, il les a intégrées et il en dispose. 

 

9. Avaler la pilule (rouge)

Donc voilà ! C’est de là que découle l'hypothèse fondamentale de La Folle Théorie… Hum… On “go” pas “crazy” tout de suite dans les premiers épisodes, parce qu’avant de parvenir à cette étape merveilleusement excitante, il faut commencer un peu plus sérieusement avec des bases, des notions de physique pour comprendre l’étude sémantique des perceptions. Je vous avouerais que je ne savais pas comment commencer ce podcast là, parce que j’étais consciente que les débuts allaient être plutôt pas “crazy” pantoute (du tout) ! Mais un énorme vent de fraîcheur va parvenir à vous. Je vais faire tout mon possible pour vous y intéresser, parce que je sais qu’on ne se dit pas tous les jours : “Ah! Tiens! Je vais apprendre sur l’espace-temps, ça va être le fun.” Non. D’habitude, ce n’est pas le fun ces affaires là… Et puis c’est fou car quand j’étais à l’école au secondaire, ce n’était vraiment pas une matière où j’étais bonne. En fait, j’étais obligée de prendre des cours supplémentaires la fin de semaine, puis c'est sur l’heure du dîner (pour les francophones non-québécois : l'heure du déjeuner) à la place des arts plastiques, parce que je n’étais vraiment pas bonne dans cette matière là. Puis c’est plus tard que je me suis rendue compte que pour répondre à mes questionnements, je devais plonger dans ce qui n’était pas un intérêt avant. Parce que les intérêts sont liés énormément au sens. Tu sais, pourquoi on s’intéresse à quelque chose tu sais ? Si il n’y a pas de sens, s'il n’y a pas une raison pourquoi on s’intéresse à quelque chose, on est généralement pas bon dans ces choses là puis on s’en fout finalement ! Ça fait que… Voilà que la vie m’a rattrapée et m’a amené une sacrée bonne raison de pouvoir m’y plonger. C'est pour ça aussi que je dis (je sais pas si je l'ai déjà dit mais) c'est pour ça que je dis que si moi je peux comprendre ça… Tu sais, je suis partie vraiment avec des idées puis une façon de l’expliquer le plus simplement possible. Ça fait que si moi, je peux comprendre ces choses là, n’importe qui d’autre peut comprendre ces choses là, puis ça vaut vraiment énormément la peine. 

 

Donc pour finir sur une note vraiment le fun, je vais vous faire rapidement un petit résumé du premier épisode (Ça l'air qu’on ne dit pas du première épisode). Ce qui est aussi fou dans La Folle Théorie, c'est que je ne suis pas très bonne en grammaire euh… Puis vu que la vie elle est paradoxale et folle comme ça… j’ai passé ma vie à faire cette étude là, cette étude sémantique de la perception pour essayer de comprendre ce dans quoi j’étais vraiment pourrie finalement puis ça a porté fruits ! Parce que souvent, les meilleurs profs c’est les gens qui ont vraiment de la difficulté dans quelque chose tu sais et qui commencent vraiment là, cent pas en arrière pour finalement toucher les bons points, poser les bonnes questions et puis faire les bonnes recherches pour ça. Donc, c'est pour ça que je parle en toute humilité, et puis que je connais cette matière là assez pour pouvoir savoir que c’est du solide aujourd’hui. 

 

Donc… Je vais vous faire rapidement ce petit résumé :

 

L'espace-temps c’est

une structure commune

au monde physique

et à l'esprit qui le perçoit.

Autrement dit,

L'espace-temps c'est

une pièce à double face :

il y a une face physique

et une face psychique. 

 

La perception, ça consiste 

à faire l'expérience de  phénomènes. 

 

Que ces phénomènes soient

physiques ou psychiques,

ils se déploient tous

dans l'espace-temps.

 

Et donc,

On doit pouvoir analyser

logiquement tous les

phénomènes en fonction

de leur structure

dans l'espace-temps. 

 

Et bien c'est exactement ça la démarche de La Folle Théorie : En considérant l'espace-temps dans lesquels les phénomènes se déploient, on parvient à identifier des structures sémantiques qui sont communes à l'ensemble des domaines de la perception. On prend généralement comme point de départ les phénomènes physiques parce que leur structures dans l'espace-temps sont déjà rigoureusement établies et ensuite, à travers l'analyse sémantique, on révèle différentes logiques opératoires de la perception. 

 

Ah oui ! … Ce qui est complètement fou aussi, c'est que l'étude sémantique nous permet aussi de mieux comprendre les sciences physiques ! Parce que par exemple, on est habitués à considérer que "LA" réalité se déploie dans trois dimensions d'espace et qu'elle se déroule dans une ligne de temps linéaire du passé vers le futur. Mais les sciences physiques ont connu de telles avancées depuis un siècle, qu'elles ont conduit à de véritables changements de paradigme. Peut-être que vous savez déjà qu’à l'échelle quantique les particules physiques peuvent être en état indéterminé, c'est-à-dire qu'elles peuvent être dans plusieurs états superposés, ou même à plusieurs endroits en même temps. Et les physiciens, même s’ils ont pas remis en question les structures de l'espace-temps, ils ont mis tout ça en équation. Du point de vue de La Folle Théorie, ce qui se passe à l'échelle quantique, ça revient à ne plus concevoir le temps comme linéaire, mais plutôt déployé dans deux ou trois dimensions.

 

Je réalise que ce que je vais devoir vous expliquer comme matière, c’est extrêmement intense. C’est pas difficile à comprendre ! Mais tu sais hein, c’est comme le code, quand tu vois ça pour la première fois là, tu comprends rien et puis ça fait peur, tu es comme "My God, c'est un langage qui vient d'une autre planète, c'est extraterrestrial, c'est complètement …" Donc euh… Il y a deux, puis trois dimensions de temps !  Mais ça hein, plusieurs dimensions de temps, comme je dis, j'avoue que c’est une pilule conceptuelle difficile à avaler pour nous, parce qu’on est habitués au temps linaire à une dimension connue de notre quotidien. Pourtant c'est l'étude sémantique qui révèle qu’on manie couramment des phénomènes à plusieurs dimensions de temps dans le langage. Et vous allez voir qu'avec l'approche de l'espace-temps via le langage, La Folle Théorie apporte un éclairage nouveau sur la physique contemporaine, elle permet non seulement de mieux la comprendre mais aussi d'émettre des hypothèses pour l'enrichir, et c'est aussi le cas pour plusieurs autres champs de sciences.

 

Dans le prochain épisode, qui s'intitule "Vivre dans 3 réalités à la fois" je vais vous parler de ce que sont l'espace et le temps. Et vous allez voir que l'espace et le temps et bien ils ne sont pas vraiment ce qu'on croit en général ! Et puis on va commencer aussi à explorer les structures de l'espace physique (donc je n'ai pas dit espace-temps) j'ai dit "l'espace physique" à une, deux et trois dimensions, et vous allez comprendre comment on perçoit le monde simultanément dans différents aspects qui sont superposés : les aspects concrets, les aspects apparents et les aspects abstraits. Donc vous voyez, on va commencer par parler du monde physique et petit à petit, je vais disséquer vos perceptions et vos esprits, comme des petites grenouilles !

 

Merci beaucoup d’avoir écouté le premier épisode, rendez-vous dans les épisodes suivants, j’espère que je vous ai donné envie de les écouter ! 

 

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